Clinique du musicien : soigner et prévenir

Albane, de dos, violoniste professionnelle en orchestre.
Albane, de dos, violoniste professionnelle en orchestre.© Emmanuelle Marchadour

iconeExtrait du magazine n°503

C’est un lieu unique pour lequel on vient de loin, parfois même de l’étranger. Nichée dans le 19e arrondissement de Paris, la Clinique du musicien – qui ne ressemble en rien à un établissement de santé classique – offre à la fois un espace de consultations, de formation et de réflexion-recherche autour des pathologies spécifiques des musiciens. 

Par Emmanuelle Pirat— Publié le 03/05/2024 à 09h00

De statut associatif, elle propose une fois par mois des consultations gratuites aux artistes professionnels ou amateurs souffrant de pathologies liées à leur pratique instrumentale. Comme les sportifs de haut niveau ou les ouvriers soumis à des cadences et des gestes répétitifs, les musiciens développent une variété de symptômes, allant de troubles musculosquelettiques à l’overuse syndrome (des contractures par excès de contraintes) en passant par la dystonie du musicien (des contractions musculaires involontaires).

S’ils sont souvent comparés à des marathoniens, répondant à des exigences de performance similaires, les musiciens ne bénéficient pas du même niveau de préparation physique et mentale. Dans ce lieu de soin, justement, on insiste sur l’importance du corps, instrument primordial mais trop souvent négligé en termes de santé et prévention. Pas étonnant que le cofondateur du lieu, André-François Arcier soit un ancien médecin du travail…

Les consultations à la Clinique du musicien se déroulent toujours en deux temps : une phase d’examen classique, sans l’instrument, suivie d’un examen avec. Celui-ci permet d’observer la posture et les éventuels gestes antiphysiologiques qui peuvent être à la source de différents troubles fonctionnels : contractures musculaires, tendinites, etc.
Les consultations à la Clinique du musicien se déroulent toujours en deux temps : une phase d’examen classique, sans l’instrument, suivie d’un examen avec. Celui-ci permet d’observer la posture et les éventuels gestes antiphysiologiques qui peuvent être à la source de différents troubles fonctionnels : contractures musculaires, tendinites, etc. © Emmanuelle Marchadour
Alban Plantevignes, professeur au conservatoire et dans une école de jazz, semble souffrir d’une dystonie de fonction – un trouble involontaire du mouvement qui touche jusqu’à 2 % des musiciens. « C’est une maladie qui devrait être reconnue comme maladie professionnelle », plaide André-François Arcier (en chemise blanche).
Alban Plantevignes, professeur au conservatoire et dans une école de jazz, semble souffrir d’une dystonie de fonction – un trouble involontaire du mouvement qui touche jusqu’à 2 % des musiciens. « C’est une maladie qui devrait être reconnue comme maladie professionnelle », plaide André-François Arcier (en chemise blanche).© Emmanuelle Marchadour
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© Emmanuelle Marchadour
Regards croisés. Les consultations sont conduites, en équipe pluridisciplinaire, par les professionnels de santé formés à la Médecine des arts®, une approche mise au point à la fin des années 1980 par le kinésithérapeute Philippe Chamagne et le médecin du travail André-François Arcier. Isabelle Campion (à dr.) est kinésithérapeute auprès de musiciens depuis vingt-quatre ans, à Paris. Le docteur Thierry Gougam (au centre) est chirurgien orthopédiste dans la Vienne. Il propose aussi des consultations spécialisées pour les musiciens de l’Opéra de Limoges. Le docteur Ève David-Vaudey (à g.) est rhumatologue, cheffe de service à l’hôpital Joseph Ducuing de Toulouse. Tous sont bénévoles et également musiciens.
Regards croisés. Les consultations sont conduites, en équipe pluridisciplinaire, par les professionnels de santé formés à la Médecine des arts®, une approche mise au point à la fin des années 1980 par le kinésithérapeute Philippe Chamagne et le médecin du travail André-François Arcier. Isabelle Campion (à dr.) est kinésithérapeute auprès de musiciens depuis vingt-quatre ans, à Paris. Le docteur Thierry Gougam (au centre) est chirurgien orthopédiste dans la Vienne. Il propose aussi des consultations spécialisées pour les musiciens de l’Opéra de Limoges. Le docteur Ève David-Vaudey (à g.) est rhumatologue, cheffe de service à l’hôpital Joseph Ducuing de Toulouse. Tous sont bénévoles et également musiciens.© Emmanuelle Marchadour
Il s’agit d’une consultation de conseil. Les comptes rendus de la séance sont envoyés au médecin traitant, qui pourra prescrire les examens complémentaires et/ou des interventions (infiltrations, etc.).
Il s’agit d’une consultation de conseil. Les comptes rendus de la séance sont envoyés au médecin traitant, qui pourra prescrire les examens complémentaires et/ou des interventions (infiltrations, etc.).© Emmanuelle Marchadour
Michel Boutan est kinésithérapeute à Dax et formateur en Médecine des arts®. Son propos, en ce jour, c’est l’anatomie, matière généralement absente de la formation des musiciens.
Michel Boutan est kinésithérapeute à Dax et formateur en Médecine des arts®. Son propos, en ce jour, c’est l’anatomie, matière généralement absente de la formation des musiciens.© Emmanuelle Marchadour
Musiciens et praticiens de santé viennent se former à la Médecine des arts®. Ici, exercices pratiques d’étirements, « indispensables à la prévention des TMS ».
Musiciens et praticiens de santé viennent se former à la Médecine des arts®. Ici, exercices pratiques d’étirements, « indispensables à la prévention des TMS ».© Emmanuelle Marchadour
Sergio, guitariste professionnel.
Sergio, guitariste professionnel.© Emmanuelle Marchadour
Un kyste à la main ainsi qu’un surmenage du poignet rendent sa pratique très douloureuse.
Un kyste à la main ainsi qu’un surmenage du poignet rendent sa pratique très douloureuse.© Emmanuelle Marchadour
L’équipe de soin repère également une mauvaise posture : « Il faut mettre de la distance entre vous et votre instrument. Il ne devrait pas être parallèle à vous », indique Isabelle Campion. Un changement postural pas toujours évident à accepter et à mettre en place.
L’équipe de soin repère également une mauvaise posture : « Il faut mettre de la distance entre vous et votre instrument. Il ne devrait pas être parallèle à vous », indique Isabelle Campion. Un changement postural pas toujours évident à accepter et à mettre en place.© Emmanuelle Marchadour
Albane, 36 ans, violoniste professionnelle en orchestre, consulte pour des douleurs handicapantes aux cervicales et une perte de force dans le bras gauche.
Albane, 36 ans, violoniste professionnelle en orchestre, consulte pour des douleurs handicapantes aux cervicales et une perte de force dans le bras gauche.© Emmanuelle Marchadour
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© Emmanuelle Marchadour
Ilyana, cheffe de chœur et percussionniste, souffre de tendinites aux deux bras, dont une tendinite de De Quervain, un trouble lié aux gestes répétitifs, que l’on retrouve aussi chez les ouvriers à la chaîne.
Ilyana, cheffe de chœur et percussionniste, souffre de tendinites aux deux bras, dont une tendinite de De Quervain, un trouble lié aux gestes répétitifs, que l’on retrouve aussi chez les ouvriers à la chaîne.© Emmanuelle Marchadour
Cours de yoga animé par Hannah Fontecchio. À la sortie de l’adolescence, cette pianiste a dû arrêter la pratique de son instrument à cause de douleurs persistantes aux avant-bras. Elle a trouvé dans le yoga « des réponses très efficaces ». Désormais professeure de yoga, formée à la Médecine des arts®, elle propose des cours à la Clinique du musicien depuis deux ans.
« Quand je joue, je me mets systématiquement en apnée », témoigne un participant, pianiste concertiste. D’où l’importance des techniques de respiration et d’ancrage enseignées au yoga
Cours de yoga animé par Hannah Fontecchio. À la sortie de l’adolescence, cette pianiste a dû arrêter la pratique de son instrument à cause de douleurs persistantes aux avant-bras. Elle a trouvé dans le yoga « des réponses très efficaces ». Désormais professeure de yoga, formée à la Médecine des arts®, elle propose des cours à la Clinique du musicien depuis deux ans. « Quand je joue, je me mets systématiquement en apnée », témoigne un participant, pianiste concertiste. D’où l’importance des techniques de respiration et d’ancrage enseignées au yoga © Emmanuelle Marchadour