Hôpital : Seconde vague d’angoisse abonné

iconeExtrait du magazine n°467

Dans l’Oise, les agents du centre hospitalier intercommunal Compiègne Noyon (CHICN) ont été les premiers à faire faceà l’épidémie et à un afflux massif de patients. Un traumatisme pour beaucoup d’entre eux. Epuisés et anxieux, ils redoutent la « seconde vague ».

Par Guillaume Lefèvre— Publié le 07/11/2020 à 08h36

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« Est-ce que ma vie vaut  1 300 euros par mois ? Pourquoi je ne peux pas profiter pleinement de ma famille ? Est-ce que je dois sacrifier mon temps libre ? » Ces interrogations des personnels soignants,  la section CFDT du CHICN les entend de plus en plus fréquemment. 

La « première vague » de patients atteints par le coronavirus a laissé des traces indélébiles. Alors, quand ils observent l’évolution de la situation sanitaire  et le frémissement à la hausse des courbes dans les Hauts-de-France, ils s’inquiètent, alertent l’opinion publique et s’interrogent sur leur avenir. « À la différence d’il y a huit mois, nous savons ce qui nous attend. Et nous ne sommes pas prêts à revivre ça, insiste Catherine Ponnou-Delaffon, secrétaire de la section CFDT du CHICN.

Depuis le 26 février dernier,  date du premier cas de Covid-19 dans l’établissement, la tension n’est jamais redescendue chez les agents. L’angoisse de la maladie est présente dès l’admission d’un nouveau patient. « Nous avons l’impression d’être dans un tunnel  qui n’en finit pas. » L’hôpital  est devenu un « terrain de guerre »,  avec vingt lits de réanimation occupés  de façon quasi permanente pendant  de longues semaines, des patients transférés vers Paris ou Amiens  et une chambre mortuaire débordée,  au plus fort de la crise.

« Nous avons dû faire des choix…J’ai très mal vécu cette période. J’ai l’impression de ne pas avoir eu les moyens de faire correctement mon métier… »

La CFDT du CHICN a alerté  la direction sur la détresse des agents, tant physique, que psychologique, qui vient s’ajouter à un manque chronique  de personnels, lié à l’accroissement  des arrêts de travail, pour cause de cas  de Covid ou de suspicion. Pendant que les effectifs décroissent, les patients affluent.

Les repos des présents sautent,  les horaires sont modifiés  en permanence, le stress s’accumule. L’hôpital fonctionne à flux tendu. Lorsque les renforts arrivent,  c’est à peine si les soignants présents  s’en rendent compte. « Nous ne voyons aucune différence. Nous ne sommes,  de toute façon, pas assez nombreux », insiste Catherine. Pour les agents, impossible donc de se reposer, encore moins d’être sereins. Ni au boulot  ni à la maison. « J’ai peur d’embrasser mes…

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