Libérer la parole, sécuriser les salariés

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Lutter contre les relations toxiques

La direction du CIC Nord Ouest n’hésite pas à investiguer avec le concours des organisations syndicales en cas d’alerte mettant en cause les salariés qui s’autorisent des propos et comportements sexistes, humiliants et inappropriés. Résultat : le nombre d’enquêtes augmente et la parole se libère.

Par Claire Nillus— Publié le 29/03/2024 à 10h00

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© Nicolas Ridou

«On ne va pas se mentir, l’arrivée d’une nouvelle direction générale et d’un nouveau DRH a fait bouger les lignes, ainsi que les initiatives de groupe telles que le déploiement de l’outil Signal et la journée de mobilisation», explique Élise Harel, élue CFDT au CSE et référente harcèlement moral au CIC Nord Ouest, dont le siège se trouve à Lille.

Depuis 2011, le groupe bancaire s’est doté d’une charte de lutte contre les comportements toxiques qui structure les actions de terrain. Ainsi, lorsqu’il y a une situation avérée de souffrance au travail, constatée par les représentants du personnel ou directement remontée auprès de la DRH, les organisations syndicales sont obligatoirement associées à l’enquête décidée avec l’aval du CSE.

“Malgré #MeToo, malgré les différentes sensibilisations et communications internes, les propos et comportements sexistes ou s’apparentant à du harcèlement moral continuent de perturber dangereusement la vie de certains services.”

« Certaines personnes se sont tues pendant des années mais, avec les enquêtes, les salariés prennent de l’assurance et se confient davantage », constate Élise. Pour celles et ceux qui n’osent pas parler, un outil de signalement est aussi à disposition sur l’intranet. De manière anonyme, la personne peut cliquer et s’exprimer. « Nous remarquons qu’il est très peu utilisé dans notre réseau. De toute façon, en cas de délation gratuite, l’enquête le détectera », poursuit la militante.

À propos de l'auteur

Claire Nillus
Journaliste

Les entretiens se font sur la base d’un questionnaire type. Tous les salariés, victimes, témoins et personnes mises en cause, sont entendus. Ils ont aussi la possibilité de compléter les comptes rendus de l’entretien a posteriori lorsque relater des situations à l’oral les met trop mal à l’aise. Et pour protéger les salariés pendant la durée de l’enquête, la personne mise en cause reste chez elle. « Car il est impossible de demander aux gens de parler si le collègue qui les maltraite se trouve dans le bureau d’à côté ! » Une disposition radicale mais qui fait toujours suite à des dénonciations graves. « Malgré #MeToo, malgré les différentes sensibilisations et communications internes sur le sujet, les propos et comportements sexistes ou s’apparentant à du harcèlement moral continuent de perturber dangereusement la vie de certains services. Chaque enquête est dure et compliquée mais il ne s’agit pas d’une chasse aux sorcières. Pour moi, c’est plutôt le signe que les organisations syndicales et la direction prennent enfin leurs responsabilités. Il faut se méfier des entreprises où il ne se passe rien, où la poussière est mise sous le tapis. »