Négo “Pacte de la vie au travail” : une première séance de diagnostic consacrée à l’emploi des seniors

temps de lectureTemps de lecture 4 min

iconeExtrait de l’hebdo n°3904

Les partenaires sociaux ont inauguré une séquence de trois réunions, le 16 janvier, pour établir un diagnostic concernant les thèmes de la négociation “Pacte de la vie au travail”. Cette première séance était consacrée à l’emploi des seniors.

Par Fabrice Dedieu— Publié le 18/01/2024 à 13h28 et mis à jour le 18/01/2024 à 13h32

Olivier Guivarch, négociateur CFDT.
Olivier Guivarch, négociateur CFDT.@ Syndheb

L’après-midi a été dense. Sept chercheurs, économistes et consultants ont défilé pendant trois heures et demie devant les partenaires sociaux, le 16 janvier, pour évoquer l’emploi des seniors. Les organisations syndicales et patronales ont en effet entamé une séquence de trois réunions en vue d’établir un diagnostic qui nourrira la négociation à proprement parler, laquelle débutera le 2 février (la séance du 31 janvier ayant été annulée).

Les diagnostics de différents intervenants

Parmi les invités de ce mardi 16 janvier, outre des représentants de l’Insee et de la Dares, il y avait notamment Stéphane Carcillo, chef de la division emploi et revenus de l’OCDE. Il a rappelé quelques chiffres : le taux d’emploi des 55-64 ans en France était de 58,7 % en 2023, contre 74,8 % en Allemagne, la moyenne des pays de l’OCDE se situant à 63,9 %. « Il y a trois dimensions » permettant d’améliorer ce taux d’emploi, a expliqué l’économiste à la sortie de son audition.

Tout d’abord, l’incitation : « Il faut que les seniors aient intérêt à rester en emploi. » Ensuite, les opportunités : « Il faut travailler du côté des entreprises afin d’augmenter l’embauche des seniors. » Si cette problématique passe par la rémunération et la possibilité pour les 55-64 ans de pouvoir facilement changer d’emploi, elle passe également par la résolution des discriminations qui les impactent. Enfin, l’employabilité : « En France, l’accès à la formation des seniors est particulièrement bas. Là aussi, les stéréotypes et les discriminations jouent sans doute : on ne peut reprocher aux seniors de ne pas avoir la technologie si on ne les a pas formés ! », a souligné Stéphane Carcillo.

L’économiste Bruno Coquet, autre spécialiste interrogé, est revenu sur le thème des ruptures de contrat, car un pic de ruptures conventionnelles et de licenciements non économiques est observé autour de 60 ans d’âge. Il reste toutefois difficile d’en déduire avec certitude que cela correspond à un comportement d’optimisation de l’assurance chômage.

L’importance du travail et de ses conditions d’exercice

De toutes ces informations, le négociateur CFDT Olivier Guivarch retient que « l’enjeu de l’emploi des seniors n’est pas le chômage mais bien le travail et les conditions dans lesquelles il est exercé ». De ce fait, le sujet des préjugés qui nuisent aux seniors devra selon lui également être traité : « Les auditions font ressortir une piste pour dire qu’il y a un besoin de dialogue social dans l’entreprise et des plans seniors », même s’il faut d’abord une « impulsion interprofessionnelle ».

Tweet d’Yvan Ricordeau, secrétaire général adjoint de la CFDT.

À propos de l'auteur

Fabrice Dedieu
Journaliste

« Ce qui est intéressant, c’est que nous ne sommes pas les seuls à penser qu’il faut agir en amont et donner les moyens aux salariés de s’imaginer un avenir, pour l’anticiper », a conclu Olivier Guivarch. Les partenaires sociaux se retrouveront le 24 janvier et entendront d’autres experts sur les autres thèmes de la négociation, à savoir l’usure professionnelle, les transitions et la reconversion et, enfin, le compte épargne-temps universel (Cetu).