Le budget de la discorde

temps de lectureTemps de lecture 3 min

iconeExtrait de l’hebdo n°3892

Par Jocelyne Cabanal— Publié le 17/10/2023 à 12h00

Jocelyne Cabanal, secrétaire nationale
Jocelyne Cabanal, secrétaire nationale© Joseph Melin

À propos de l'auteur

Jocelyne Cabanal
secrétaire nationale de la CFDT

Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2024 ne convainc pas, c’est le moins que l’on puisse dire. Fondé sur des prévisions économiques très optimistes (+ 1,4 % de croissance du PIB), ce projet acte pourtant un déficit de plus de 11 milliards d’euros, dont 9 pour la seule branche maladie. Et ce, alors que le gouvernement impose une très faible augmentation de dépenses de santé (3,3 %) : un chiffre irréaliste et insuffisant au vu de l’inflation et de la hausse mécanique des dépenses de santé chaque année.

En refusant toute réforme fiscale ou mise à contribution des hauts revenus, le gouvernement met une nouvelle fois sous pression notre système de protection sociale. Il fait le choix de ne pas répondre aux nouveaux besoins de la population, notamment dans le domaine de la perte d’autonomie. Le financement des établissements de soins n’est pas non plus au rendez-vous, ni les mesures pour rendre attractifs les métiers du soin et de l’aide à domicile. Il fait également le choix d’économies budgétées sur les arrêts maladie en renforçant le pouvoir de contrôle des employeurs sans traiter les causes profondes du recours aux arrêts de travail… Comme si l’intensification du travail et le vieillissement de la population n’étaient pas la principale cause de l’augmentation des arrêts de travail en France. Enfin, nous avons un point de désaccord majeur autour de la transcription de l’accord national interprofessionnel AT-MP (accidents du travail et maladies professionnelles), signé à l’unanimité par les partenaires sociaux.

À ces désaccords s’ajoute dans ce PLFSS une mesure particulièrement rejetée par la CFDT : la ponction d’une partie des ressources de l’assurance chômage afin d’alimenter le budget de l’État et la menace d’en faire autant avec les réserves de l’Agirc-Arrco (la retraite complémentaire des salariés du privé). La CFDT s’y oppose fermement et demande aux députés de ne pas accepter ce tripatouillage comptable qui remet en cause l’autonomie des partenaires sociaux. Ces derniers ont apporté la preuve qu’ils savaient gérer, avec sagesse et vision à long terme, une partie de la protection sociale de notre pays. Alors que le texte est débattu à l’Assemblée nationale à partir du 24 octobre, la CFDT attend des députés qu’ils jouent pleinement leur rôle.