Quand le CSE fait son bilan carbone

Retrouvez le dossier complet
Mon CSE passe au vert

Le CSE d’ArianeGroup fait partie des premiers comités à avoir réalisé son bilan carbone, en poussant l’exercice jusqu’au scope 3 (lire l’encadré ci-dessous). Une étape indispensable pour pouvoir transformer ses pratiques et revoir son offre d’activités, de voyages mais aussi de restauration.

Par Emmanuelle Pirat— Publié le 03/05/2024 à 09h00

image
©Divergence

« D’instinct, on avait des idées sur ce qui pesait le plus en termes d’émissions dans nos activités. Mais c’était insuffisant. En réalisant notre bilan carbone, nous avons pu chiffrer tout cela. » Partir d’une photographie précise et documentée pour savoir sur quels leviers agir et réduire l’empreinte carbone de manière efficace : c’est ce à quoi l’équipe CFDT du comité social et économique (CSE) d’ArianeGroup du site d’Issac, près de Bordeaux, s’est attachée, dès 2022.

Il faut dire que ce CSE a des allures de PME : un budget annuel de 6 millions d’euros, 10 salariés, la gestion d’un complexe sportif (stade de foot, cours de tennis, volley…), plusieurs bateaux, une incroyable offre de loisirs pour les 1 900 salariés du site et leurs familles (catalogue vacances et colonies, etc.), sans compter la restauration collective.

Engagée depuis plusieurs années en faveur de la transition écologique, ayant déjà mis en place une série d’actions (comme un « budget bonus » pour tout « projet vert » proposé par une section du CSE), l’équipe a voulu aller plus loin avec la réalisation de son bilan carbone. Et elle a placé la barre haut en décidant d’intégrer les émissions indirectes générées par les activités du CSE – c’est-à-dire, pour les connaisseurs, en allant jusqu’au scope 3 du bilan carbone.

« Ils voulaient engager un travail sérieux, et ne pas se cantonner aux scopes 1 et 2, qui leur semblaient limités », explique Pascal Pfeiffer, le consultant missionné par le CSE. Ce dernier a donc passé au scanner non seulement le fonctionnement du CSE (déplacements des élus et salariés du CSE) et la restauration collective mais aussi l’impact des voyages, des vacances familiales ou des activités sportives, en passant par l’achat de matériel (par exemple, les skis que le CSE propose à la location…).

“Il faut éviter le côté punitif et trouver des arbitrages acceptables.”

Jérémy Couloumy, le délégué syndical CFDT d’ArianeGroup du site d’Issac.

Une trajectoire et des propositions

Un travail de titan, d’autant plus que les données ne sont pas organisées aujourd’hui pour être traitées dans un bilan carbone. « Notre comptabilité est en euros, pas en émissions carbone », souligne Jérémy Couloumy, le délégué syndical CFDT d’ArianeGroup du site d’Issac. La démarche a donc nécessité une longue et fastidieuse quête d’informations. Mais elle a permis de mettre en lumière les principaux postes sur lesquels agir : la restauration et les vacances familiales. Une analyse fine a notamment permis de déterminer l’empreinte carbone d’un repas moyen au restaurant d’entreprise : 4,44 kg équivalent CO2 – à comparer à un repas avec du bœuf (6,290 kg éqCO2), du poulet (1,350 kg eqCO2) ou végétarien (0,510 kg eqCO2). Tout comme l’empreinte de chaque voyage effectué par les salariés et leurs ayants droit.

« Cela nous donne désormais une base pour définir une trajectoire de réduction d’émissions et des propositions », explique Jérémy.

Parmi elles, commencer par offrir des repas moins carnés et, bien entendu, faire évoluer la politique de voyages. « C’est sûr que les week-ends de quatre jours à New York, c’est fini », indique Jérémy, tout en reconnaissant que le virage à aborder est délicat. « Il faut éviter le côté punitif et trouver des arbitrages acceptables. Nous avons acté qu’on ne supprimerait pas les long-courriers, moyennant une sélection plus judicieuse. La découverte du Grand Nord en Laponie plutôt qu’au Canada, par exemple. Et un certain nombre de centres de vacances relocalisés en France. »

Les voyages en train seront aussi plus systématiquement proposés. « En organisant un séjour aux Cinq Terres (en Italie) en train plutôt qu’en avion, nous pouvons diviser l’empreinte carbone de ce voyage par trois. » L’équipe souhaite refaire un bilan, d’ici un ou deux ans, « pour vérifier notre trajectoire et continuer à nous améliorer ». À suivre, donc.  

1, 2, 3 scopes…

L’idée est de rechercher toutes les émissions, directes et indirectes. Pour cela, il existe des bases de données en libre accès qui permettent de convertir une activité en tonnes de carbone émises. La globalité des émissions est ensuite répartie en trois scopes qui correspondent à trois types d’émissions.

  •  Le scope 1 comprend toutes les consommations d’énergie hors électricité de l’entreprise. On parle d’émissions directes.
  •  Le scope 2 comprend les consommations d’électricité et de réseaux de froid et de chaleur. On parle d’émissions indirectes (le dioxyde de carbone [CO2] rejeté pour produire l’électricité n’est pas directement produit par l’entreprise concernée par le bilan).
  •  Le scope 3 comprend toutes les autres consommations indirectes de l’entreprise (les matières premières utilisées en amont et la vie des produits et services en aval).