Quand le CSE s’empare du dialogue environnemental

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Mon CSE passe au vert

Au sein du groupe publicitaire JCDecaux, les élus CFDT entendent co-construire la transition écologique. Ils viennent de mettre le pied dans la porte en obtenant la création d’une commission environnementale.

Par Emmanuelle Pirat— Publié le 03/05/2024 à 09h00

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©Abaca News

Ils ont bataillé des mois durant… et ont fini par l’obtenir. Les militants CFDT du groupe publicitaire JCDecaux (créateur des Abribus, il y a soixante ans, et aujourd’hui leader mondial dans l’affichage publicitaire et le mobilier urbain) ont enfin pu installer « leur » commission environnementale, à la faveur des dernières élections de janvier 2024 et du renouvellement du comité social et économique.

S’ils y tenaient tant, ce n’est pas parce que l’entreprise ne fait rien en matière de transition écologique. « Au contraire, elle communique de manière très généreuse sur ce qu’elle fait, mais uniquement vers l’extérieur. Sans associer le moins du monde les représentants du personnel. On leur a rappelé que nous aussi, nous voulions être partie prenante », explique Jean-Marc Jacquin, délégué syndical sur le site de Plaisir (Yvelines).

D’autant plus que dans ce groupe, qui emploie 3 300 salariés en France (10700 dans le monde), l’activité même commence à être sérieusement impactée par les nouvelles réglementations environnementales.

La loi climat et résilience a par exemple imposé de réduire la consommation électrique des panneaux publicitaires, de les éteindre la nuit. Un vent de fronde a également touché certaines collectivités contre les « pollutions visuelles » et conduit à réduire les formats des affiches et supports, etc. «Tout cela touche le cœur de notre business model. Réfléchir à la transition et la décarbonation de l’économie, chez Decaux, ça ne sera pas simplement cosmétique. C’est existentiel», souligne Jean-Marc. Et dans cette réflexion stratégique, la CFDT veut être là.

Pas de greenwashing

La feuille de route des militants CFDT est déjà prête, avec un grand nombre de sujets qu’ils souhaitent porter auprès de la direction. «Tout d’abord, nous voulons que les conséquences environnementales de nos activités soient abordées en instance. Et que la direction nous donne les documents nécessaires, en renseignant correctement la base de données économiques, sociales et environnementales [BDESE], comme la loi l’y oblige», indique Fouad Maazouza, délégué syndical central et secrétaire du CSE. Pour l’équipe, pas question de se contenter de la communication de la direction. «Nous voulons analyser, vérifier et challenger ses affirmations. Comme lorsqu’elle déclare utiliser une électricité 100% verte ou se targue d’avoir atteint la neutralité carbone dès 2021», appuie Jean-Marc.

Avancer dans la négociation d’accords

L’équipe entend également avancer dans la négociation d’accords, pour inscrire la transition écologique dans la politique sociale de l’entreprise. « Quand on pense que JCDecaux a été l’initiateur des Vélib’ ! Nous n’avons même pas d’accord mobilités durables ! On leur réclame qu’ils puissent mettre des vélos à disposition des collaborateurs ou au moins des facilités pour l’abonnement… Pour l’instant, rien ! », s’insurge Fouad. « Nous sommes un certain nombre à venir à vélo, mais rien n’est fait pour encourager ce mode de transport », ajoute Marion Collerais, agent de planning à Plaisir.

En matière de formation ou de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC), la CFDT compte aussi aiguillonner la direction. « Nous savons que notre population salariée est vieillissante, qu’un certain nombre de nos métiers vont disparaître… Il faut pouvoir anticiper et, pour cela, ouvrir une négociation », plaide Fouad.

Les élus comptent aussi mobiliser davantage les salariés autour des enjeux de la transition écologique, en proposant divers ateliers de sensibilisation, comme une Fresque du climat ou des ateliers 2tonnes (comment être en deçà de deux tonnes de CO2 par an et par personne d’ici à 2050). Pour Jean-Marc et Fouad, c’est par l’information et la formation que l’on pourra avancer.