“J’aimerais que ces JO redonnent à la population la fierté d’habiter le 9-3 ”

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L’emploi en jeux

Stéphane Troussel est président du département de Seine-Saint-Denis depuis 2012.

Par Emmanuelle Pirat— Publié le 01/03/2024 à 10h00

Stéphane Troussel, président du département de Seine-Saint-Denis.
Stéphane Troussel, président du département de Seine-Saint-Denis.© DR

Votre slogan pour les JO de Paris 2024 est « Accélérateurs d’histoire(s) en Seine-Saint-Denis ». Dans quels domaines constatez-vous une accélération sur votre territoire ?

Indéniablement, ces Jeux olympiques et paralympiques constituent un accélérateur de transformation urbaine. Rappelons que 80 % des investissements de Solideo (Société de livraison des ouvrages olympiques) se déploient en Seine-Saint-Denis. Sur le budget total de Solideo, qui représente 3,8 milliards d’euros, 3,04 milliards ont bénéficié au territoire. Cet argent a permis la construction et la rénovation de logements avec de très hauts objectifs environnementaux ; le Village des médias, par exemple, offrira à terme 1 300 nouveaux logements et le Village des athlètes, 2 500.

Il a aussi permis de construire et rénover des équipements sportifs – piscines, stades, gymnases, etc. –, bâtir des passerelles et des ponts qui vont permettre de désenclaver certains quartiers, enfouir des lignes à haute tension, créer des espaces verts… Ces Jeux représentent un accélérateur d’investissements sur un territoire notoirement sous-doté. Notre département est classé 103e sur 105 des départements et territoires français en matière d’équipements sportifs. Avec la construction et la rénovation de huit piscines, nous allons accroître considérablement le nombre de bassins qui vont permettre de développer l’apprentissage de la natation. Rappelons que 60 % des enfants de Seine-Saint-Denis arrivent en classe de sixième sans savoir nager. Ces Jeux ont aussi été pensés comme levier dans bien d’autres domaines que le sport : avec des appels à projets pédagogiques menés dans les établissements scolaires ou avec des dispositifs tels que « Talents 2024 », nous avons voulu soutenir des projets d’insertion professionnelle, de création d’activités, etc. C’est toute une dynamique créée.

“Le contexte très difficile de l’année 2023 n’a pas aidé à faire grandir la mobilisation populaire.”

Il semble pourtant que la population se sente peu concernée par ces JO. Comment l’expliquez-vous ?

Le contexte très difficile de l’année 2023 n’a pas aidé à faire grandir la mobilisation populaire. Ensuite, je ne suis pas un « JO béat », et je n’ai jamais pensé que les Jeux pourraient régler ou effacer toutes les difficultés de notre territoire. Vous les connaissez : taux de chômage le plus élevé de France, notamment chez les jeunes, nombre d’allocataires du RSA le plus élevé, etc.

Toutefois, nous espérons qu’à l’approche de l’évènement, avec tous les rendez-vous qui s’annoncent – entre autres les premières inaugurations, les rendez-vous sportifs, festifs, la multiplication des initiatives culturelles – mais également avec les différents concours qui vont permettre de distribuer les 110 000 billets que le département a achetés, l’engouement va croître. On compte aussi sur les exploits sportifs de nos athlètes pour alimenter l’enthousiasme !

Quel héritage souhaiteriez-vous que ces JO laissent au territoire ?

J’aimerais que ces Jeux marquent un moment de grande transformation de ce territoire. Et, par leur importance, leur impact, qu’ils permettent de redonner à la population une grande fierté d’y habiter. Que cela participe à changer cette image négative du « 9-3 » qui nous colle à la peau. Que la jeunesse, le bouillonnement créatif, l’énergie de notre territoire puissent s’y épanouir encore davantage. Même si je sais que tout cela se construit sur le temps long, avec un accompagnement par des politiques publiques ambitieuses. Ce sera notre défi « post-JO ».