La CFDT de BPO-Bioepine a le vent en poupe

temps de lectureTemps de lecture 5 min

iconeExtrait de l’hebdo n°3909

Depuis plusieurs années, les militants CFDT misent sur l’accompagnement et la proximité pour promouvoir leur syndicalisme. Avec succès. Lors des dernières élections CSE, ils ont récolté le fruit de leur travail, en recueillant 79 % des suffrages.

Par Guillaume Lefèvre— Publié le 27/02/2024 à 13h00

Margarita Vallejo-Sanz (au centre) et Zahir Foulani (à droite).
Margarita Vallejo-Sanz (au centre) et Zahir Foulani (à droite).© DR

« Accompagnement, sincérité et transparence… C’est en suivant cette ligne de conduite que nous avons pu gagner la confiance de nos collègues et remporter les élections », résume Zahir Foulani, technicien de laboratoire et délégué syndical au sein de BPO-Bioepine, une structure qui emploie 650 salariés et regroupe 83 laboratoires d’analyses médicales implantés à Paris (75), dans les Hauts-de-Seine (92) et le Val-de-Marne (94).

« Nous sommes aussi beaucoup dans l’écoute », ajoute Margarita Vallejo-Sanz, secrétaire adjointe du CSE, qui a rejoint la CFDT en 2018, lorsque les rachats se multipliaient dans le secteur. « Nous étions dans le flou, il y avait des inquiétudes. J’ai voulu en apprendre plus sur mes droits. Je suis allée vers l’organisation qui se rapprochait le plus de mes valeurs. »

Une irrésistible progression de la CFDT

Absente du paysage syndical jusqu’en 2015, la CFDT a déposé sa première liste à l’occasion des élections professionnelles de 2019. Quatre ans plus tard, elle raflait 79,22 % des suffrages face à FO (20,78 %). De huit sièges en 2019, elle est passée à onze, tandis que FO, dans le même temps, chutait de huit à cinq. « Et ce n’est pas fini, insiste Zahir Foulani. On vise – et on espère – les 100 % lors du prochain scrutin ! »

Autre satisfaction pour les militants, la forte hausse de la participation aux élections. En quatre ans, elle est passée de 18 % à 46,43 %. La section CFDT veut évidemment se montrer à la hauteur de cette confiance et d’un tel sursaut démocratique. « Il y a une forte attente de la part de nos collègues. C’est la preuve que notre manière de faire du syndicalisme porte ses fruits », savoure Zahir. Là encore, l’ambition est de faire mieux lors du prochain scrutin, en particulier auprès des plus jeunes, deux fois moins nombreux à voter que les plus de 40 ans.

Travail de terrain et proximité au long cours

Comment expliquer une telle progression ? « Le travail de terrain et la proximité au long cours », résume les membres de la section. Il y a moins de dix ans, la CFDT comptait quelques adhérents isolés ; désormais, elle en réunit une quarantaine – « dont plusieurs anciens de l’organisation syndicale adverse qui ont compris que nous étions utiles aux salariés », résume Zahir.

Cette proximité est mise quasi quotidiennement en œuvre. Ainsi, les mardis et vendredis, Zahir enchaîne les trajets en RER et transilien. Il se déplace dans chacun des 22 laboratoires que compte le Val-de-Marne, de Villecresnes à Créteil en passant par Chevilly-Larue. Ce sont autant d’opportunités dont profite le délégué syndical afin d’organiser des cafés conseil pendant les temps de pause, ce qui permet de sortir un peu de l’établissement et de libérer la parole des salariés.

Le besoin est réel tant le secteur se révèle sous tension : les bas salaires posent un problème d’attractivité et le taux d’absentéisme est élevé, avec des conséquences notables pour les salariés en poste. « Une clause de mobilité précise qu’un salarié peut être déplacé d’une agence à une autre. Cela a un impact sur la conciliation entre vie professionnelle et personnelle des salariés, en grande majorité des femmes (80 %). Cela peut rallonger les temps de trajet, modifier les horaires et bouleverser toute l’organisation qui va avec. On ne peut plus déposer ou aller chercher les enfants à l’école ou chez la nourrice, par exemple, précise Margarita. Il existe donc un très fort besoin d’expression. »

Un syndicalisme de résultats

Et pour cela, rien de mieux que de démontrer l’utilité du syndicalisme CFDT. En 2021 et 2022, des primes de participation exceptionnelles ont été obtenues par les militants, dans un contexte post-Covid. Le syndicalisme CFDT, c’est encore ici un accord relatif au don de jours pour enfant malade, l’obtention d’une prime d’assiduité trimestrielle (qui est passée de 100 à 200 euros l’année dernière) et une prime « médaille du travail » destinée aux salariés présents depuis vingt ans, « avec 1 000 euros et un jour de congé supplémentaire à la clé », explique Margarita.

Les dernières négociations annuelles obligatoires (elles datent de 2023) ont permis d’obtenir l’ouverture d’un compte épargne-temps au 1er janvier 2024 et la distribution de titres-restaurant. Elles ont également été l’occasion d’imposer la thématique du développement durable à la table des négociations. Un forfait mobilité durable de 150 euros bénéficie à tous les salariés qui s’engagent a utilisé leur vélo ou tout autre service de mobilité partagée afin de se rendre au travail.

À propos de l'auteur

Guillaume Lefèvre
Journaliste

Alors que les NAO 2024 commencent dans un contexte d’inflation toujours soutenu, la CFDT de BPO-Bioepine entend remettre le pouvoir d’achat des salariés au cœur des discussions. « Ce n’est d’ailleurs pas le seul sujet, affirme Margarita, car il ne peut être fait abstraction des questions d’organisation du travail et des conditions de travail ! »